Nous sommes au XXIIème siècle. L’Afrique est devenue une nation unifiée et prospère appelée Katiopa. L’exode s’est inversé et les populations européennes ont fui leur continent, devenu invivable, pour ce nouvel eldorado qui se trouve maintenant au sud. Les nouveaux arrivants sont appelés les Sinistrés.
Boya est enseignante auprès des Fulasi – les descendants des migrants français – et Ilunga est un chef d’Etat respecté. Entre eux, l’alchimie est immédiate. Et ce n’est pas Seshamani, la femme d’Ilunga qui fera obstacle à leur liaison. Quand l’amour s’immisce au cœur même des débats politiques, rien n’est plus pareil. Ragots et complots s’enchaînent dans l’intrigue et pimentent encore plus la marche en avant inéluctable, à moins que la mécanique s’enraye…
Ce beau pavé est un patchwork fascinant de passions amoureuses, d’intrigues politiques et de géopolitique fantasmée. Cela fait, de loin, penser au Trône de fer : c’est diablement ambitieux et magistralement exécuté. Il y a un aspect un peu feuilleton qui est loin d’être déplaisant, bien au contraire. Léonora Miano a développé tout un lexique et fait jaillir des luttes intestines dans un grand territoire désormais objet de toutes les convoitises. Entre les membres du gouvernement qui n’aspirent qu’au repli et ce couple tiraillé en son essence, les inimitiés sont tenaces.
La plume est incisive et les rebondissements multiples. En résumé, cette nouvelle lecture de la rentrée littéraire tient toutes ses promesses.
On voulait être libre sans opprimer quiconque. Justice avait été faite, puisque les Sinistrés, dépouillés de leur puissance matérielle, étaient redevenus des humains parmi leurs semblables. C’était assez. On était satisfait. Quelqu’un avait proposé d’instaurer avec eux une parenté à plaisanterie, ce qui devait être possible à présent qu’on avait remis les pendules à l’heure. (p. 295)
Ce roman fait parmi de la première sélection du prix Goncourt. Et je dois reconnaître que je comprends tout à fait sa place, s’il y reste ! Je lui souhaite un bon bonhomme de chemin parmi les sélections littéraires et en dehors.
9
Rouge impératrice / Léonora Miano (Grasset, 2019, 605 p., coll. Roman)
Un billet bien tentateur, même si le sujet de la géopolitique me ferait plutôt hésiter.
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Il est sur la deuxième liste du Goncourt. Je le sens plutôt bien. Et tu verras que pour l’aspect que tu crains, on l’effleure plus qu’on ne s’y confronte ! C’est un très bon pavé !
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Merci pour ce bel avis. Une de mes prochaines lectures, et j’espère savoir l’apprécier autant que vous.
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Eh bien, je vais suivre votre avis car ce livre-ci figure toujours dans mes meilleures lectures de la rentrée littéraire. Je croise les doigts pour le Goncourt !
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Merci du partage !
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